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Dette et inflation - L’œuf ou la poule ? Part.2 (Nicolas Teterel)

Bitcoin Inflation

Nous avons d’un côté un ponzi : le fait que la monnaie soit toujours créée à partir de dettes servant des intérêts. Et de l’autre, les limites physiques de notre exsangue planète qui empêchent de produire autant que nous le voudrions.

Dette et inflation - L’œuf ou la poule ? Part.2 (Nicolas Teterel)

Temps de lecture : 10 minutes ⌛

Nicolas Teterel nous fait le plaisir d’être l’invité du blog StackinSat. Nicolas est journaliste et essayiste spécialisé dans la révolution Bitcoin. Ses papiers traitent du bitcoin à travers les prismes géopolitiques, économiques et libertaires.
Vingt-et-un millions de bitcoins armés d’un mur d’énergie chiffrée. Et pas un de plus. Cette masse monétaire absolument finie offre à l’humanité un refuge cybernétique contre l’inflation.

Retrouvez ICI la première partie de ce billet cherchant à faire la lumière sur l’inflation.

Ponzi monétaire et raréfaction énergétique

Nous avons d’un côté un ponzi : le fait que la monnaie soit toujours créée à partir de dettes servant des intérêts.

Et de l’autre, les limites physiques de notre exsangue planète qui empêchent de produire autant que nous le voudrions.

Les fruits des branches basses sont toujours cueillis en premier. Plus le temps passe et plus la concentration en cuivre, fer, or, nickel, lithium, cobalt, uranium, pétrole, charbon, gaz des gisements exploités diminue. Il faut donc creuser davantage pour obtenir la même chose, ce qui augmente les coûts d’extraction.

Cette raréfaction inévitable provoque une augmentation perpétuelle des coûts pour les piliers de l’économie que sont les producteurs de matières premières et d’énergie. Le facteur limitant le plus déterminant étant sans conteste le pétrole dont dépend 95 % du transport mondial.

Son prix a été multiplié par 30 depuis le début des années 1970. À l’époque, un baril de pétrole valait environ 3.5 $, contre près de 100 $ aujourd’hui.

Ce n’est pas un hasard si l’inflation s’est envolée à partir des chocs pétroliers de 1973 et 1979. Le prix du baril fut multiplié par 11 au cours de cette décennie, passant à 39 $ en 1979.

Avant cette période charnière, l’or noir quasiment gratuit et les avancées technologiques permettaient des gains de productivité phénoménaux.

Par exemple, les tracteurs et moissonneuses batteuses ont divisé le nombre de paysans français par 15 depuis la seconde guerre mondiale. Sacré gain de productivité ! Sans parler du procédé chimique Haber-Bosh qui permet de décupler les rendements agricoles en synthétisant de l’engrais à partir de gaz naturel.

C’est cette alliance du pétrole (peu cher) et du moteur à combustion qui a rendu possible les trente glorieuses. Une période faste qui s’arrêtera brutalement en 1973, date du premier choc pétrolier.

Le surenchérissement de l’énergie a logiquement provoqué de l’inflation. Quoi de plus normal lorsque la production dépend du travail de machines qui se nourrissent d’énergie ?

Le ralentissement marqué de la croissance de la production industrielle dans le monde développé à partir de la fin des années 1970 en atteste (graphique dans notre premier billet).

[Soit dit en passant, la hausse du prix du baril fut accueillie avec bienveillance par les États-Unis. Et cela alors même que les États-Unis franchirent précisément leur pic pétrolier en 1971. La raison étant qu’Henry Kissinger allait se servir de la crise pétrolière pour créer le pétrodollar. Mais c’est une autre histoire très intéressante aussi...]

Il est vrai que les chocs pétroliers furent en partie compensés par la mondialisation. Le conteneur, les délocalisations en Asie et l’exploitation de millions d’esclaves assurèrent de nouveaux gains de productivité si précieux pour modérer l’inflation.

N’oublions pas non plus les programmes d’exploration pétrolière en Mer du Nord, en Alaska ainsi qu’en Afrique de l’Ouest. Ni la mise à contribution du gaz et la construction de centrales nucléaires en France, en Russie, aux États-Unis et au Japon.

Mais rebelote en 2008. Le prix du baril triple et s’envole à près de 150 $. À ce prix, de nombreuses compagnies non profitables furent contraintes de réduire la masse salariale. Il en résulta des défauts en cascade sur les prêts immobiliers qui débouchèrent sur la fameuse crise des « subprimes ».

Mais encore une fois, le monde a su se sortir de l’ornière pétrolière inflationniste. Grâce à la « révolution » du pétrole de schiste.

Néanmoins, certains experts pensent que la production de pétrole de schiste a déjà atteint son pic… Sans parler du fait que l’industrie pétrolière américaine perd de l’argent depuis plus d’une décennie !

Le pétrole de schiste américain est tout simplement très coûteux à sortir de terre. On parle d’EROEI (Energy Return on Energy Invested) dans le milieu. Ce ratio représente le nombre de barils de pétrole pouvant être obtenu en dépensant un seul baril à leur extraction, raffinage et acheminement jusqu’à la pompe à essence.

Nous étions confortablement au-dessus de 100 en 1930 aux États-Unis. Contre quelque chose se situant entre 5 et 10 aujourd’hui. Soit le niveau à partir duquel les choses commencent vraiment à se gâter pour notre civilisation thermo-industrielle :

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À cette raréfaction énergétique s’ajoute la nature absolument exponentielle du système fiat. En effet, les États font rouler leur dette. Ils empruntent pour rembourser leurs emprunts précédents.

Or, accumuler des intérêts sur des intérêts est un processus absolument exponentiel menant tôt ou tard à l’hyperinflation. C’est mathématique. Voilà pourquoi le côté « demande » de l’équation exacerbe aussi l’inflation.

Par ailleurs, les déficits budgétaires des États n’expliquent pas tout. Le simple fait que des intérêts soient collectés sur chaque sou en circulation oblige à ce que la masse monétaire soit en perpétuelle expansion.

Eh oui, étant donné que l’argent correspondant aux intérêts ne se trouve jamais initialement en circulation dans l’économie, si certains parviennent à rembourser leur dette ET les intérêts, mathématiquement, d’autres ne pourront pas rembourser ne serait-ce que le principal de l’emprunt.

Le fait que la monnaie soit toujours créée à partir de dettes servant des intérêts oblige à créer davantage de dettes afin que chaque acteur économique puisse avoir une chance de rembourser ses emprunts PLUS les intérêts.

Voilà pourquoi les banques prennent soin d'augmenter régulièrement les montants prêtés via des durées d'emprunt toujours plus grandes.

Augmenter la quantité d’argent en circulation permet également d’éviter l’écueil déflationniste. Les économistes d’obédience autrichienne ne sont pas d’accord. Mais le fait est que produire toujours plus en maintenant une masse monétaire fixe pose problème.

Pourquoi ? Parce que les investisseurs (emprunteurs) verraient leur dette s'alourdir.

Comment fera un artisan pour rembourser son emprunt à 15 ans si le prix de ce qu’il vend ne cesse de baisser ? Sa dette reste la même alors que ses revenus baissent. C’est une équation bancale.

Peu sont ceux qui étudient l'économie à l’aune de la physique et des mathématiques. Il est vrai que le résultat n’est pas enchanteur. Tout indique en effet que l'économie mondiale va changer radicalement pour le pire dans les années à venir.

Peu vendeur, je sais, mais on ne négocie pas avec les lois de la thermo-dynamique.

Les économies, en général, ne peuvent pas durer éternellement. Elles finissent toujours par se heurter au mur des ressources. Du point de vue de la physique, les économies sont des structures « dissipatives ». Elles s’effondrent en hyperinflation en l’absence d’un apport d’énergie éternellement plus grand.

Nous arrivons au bout…

Certains diront que l’inflation actuelle est liée à la guerre en Ukraine. Oui et non. La Russie est effectivement le premier exportateur d’énergie au monde. Mais le cœur du problème reste énergétique.

Que ce soit à cause de la géopolitique ou de la raréfaction naturelle de ressources disponibles en quantité finies, le résultat est le même. Moins d’énergie = moins de production.

Tout cela pour dire que dans cette histoire d’inflation, c'est la raréfaction énergétique qui prime. Le sevrage de joules empêche les gains de productivité essentiels au remboursement d’une dette qui se nourrit de ses intérêts.

L'endettement reflète la réalité physique de notre monde étroit. Notre capacité à produire toujours plus, et donc notre capacité à rembourser la dette rapidement, est limitée par nos exsangues ressources énergétiques.

Nous assistons désormais à une folle fuite en avant ponzienne qui se terminera tôt ou tard en hyperinflation ou/et en rationnement.

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